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LC Rock

Contrairement aux idées reçues, ce sont ceux qui choisissent la filière Lettres classiques qui sont les plus ROCK.Et oui, je sais ça fait un choc mais c'est vrai et je peux vous le prouver:

1) Passer des nuits blanches sur son "Gaffiot"couleur marron kk ou sur son "Bailly" couleur rouge sang vous donne très vite une apparence gothique pour les plus chanceuses (cernes noires, teint blanchâtre, regard de drogué, cheveux ébouriffés, air négligé ) mais pour la majeure partie d'entre nous, cela nous fait vieillir prématurément et l'on ressemble très vite à cela: (Rembrandt le dénonçait dejà dans ce célèbre tableau intitulé La triste fin d'une latiniste.)

2) Quoi de plus kiffant et profondément rock qu’étudier une langue morte? ça a quelque chose de "deeply desperate" voire "killer", voire "dealer". Imaginez la teneur de nos dialogues, nous des Lettres Mortes:
_ Sénèque, tu l'a fini?
_Ouais, j'y ai passé toute la nuit mais c'était bien. Dire qu'il est mort.
_Tu me le passes?
_Oui mais n'oublie pas de me le rendre, même s'il est ancien et si je l'ai fini, j'y tiens.Sinon t'as quoi à me filer?
_J'ai du Cicéron.
_Oh non, déjà qu'on se le tape en cours et puis c'est le modèle de version et de thème: t'en as pas un un peu moins "modèle du système"?
_J'ai du Plaute, du Lucain, du Ovide, du Pétrone. Le Satiricon, tu le veux, c'est achement bien, c'est même gore.
_Ouais, le Satiricon, c'est cool, je vais kiffer grave.

3)Il faut être vachement BLACK mais very very BLACK (4) pour se taper:
_ les représentations classiques d'un "Felipe Brunetta" à la Sorbonne avec une mise en scène de" loosers", des masques en papier mâché, le tout à la sauce tragédie grecque. Achement intellectuel =Achement chiant.
_l'étude en long et en large du Oedipe roi de Pasolini toujours du dit "Brunetta" où je ne sais pas si ce qui faisait le plus peur c'était la musique profondément horripilante du film, la coiffure et/ou la gueule de la Jocaste qui était sans sourcils (oui je vous jure, sans sourcils!!)

 

                   Risultati immagini per Jocaste de Pasolini
 

4) Dernier tabou sur notre cursus de lettres classiques: l'omniprésence du sexe. Oui, le cursus de LC rime avec bonus malus phallus! Notre prof, conscient de l'omniprésence et de la "naturalité" du sexe chez les Romains _chose d'ailleurs qui entre en conflit direct avec le monde catho qui s'est comme qui dirait accaparé des études du latin et du grec_ faisait fi de ne pas nous entendre lorsque nous, ses étudiantes, curieuses d'en savoir plus nous lui demandions, dans un pur intérêt scientifique, non sans une certaine malice: "Mais ces Romains qui faisaient cette procession d'un phallus, en quoi ça consistait au juste? D'ailleurs "phallus" cela veut dire quoi???". Et oui, les Grecs et les Romains étaient bien portés sur la chose (voire les rites grecs ou romains autour de Dionysos, les poésies de Catulle entre autres..) Bizarrement, une certaine censure judeo-chrétienne avait lieu: veto sur tous ces textes - les textes interdits-, ceux qui étaient cachés au fond des vieilles armoires ou sur les étagères les plus hautes de la bibliothèque de LC! Les manuscrits sexuels en grec et en latin. Vous rappelez-vous d'Au nom de la rose d'Umberto Ecco pour les oeuvres joyeuses et humoristiques? Bah, nous c'était pareil pour toute la littérature érotique en langue latine et grecque qui pourtant occupe une bonne partie de la production poétique et théâtrale.Tabou. Et pourtant, les Romains et les Grecs n'hésitaient pas à fêter allègrement les joies du sexe, sans aucun sens de culpabilité, ce sentiment débile prêché par le moralisme catho. Et oui, absolute freedom chez les greco-romains: ils faisaient une procession dans les rues avec une énorme fausse bite. Oui, vous avez bien lu. Je peux vous le répéter. Une méga bite. Pas mégabyte non mais méga bite. Fausse certes, vu la taille de la bête mais en érection tout de même. En bois sans doute! Woodstock (admirez la métaphore filée!!)à coté, c'était un truc pour des enfants de chœurs!Vous imaginez la désinhibition totale pour faire un truc pareil! Est-ce que cela les faisait rire? Se sentaient-ils gênés? Point donc, c'était un symbole de vie, naturel.
  Quelle virilité assumée! Point de métaphores ou d'images trop sophistiquées chez eux. Non non, que nenni, sans mauvais jeu de mot. Quand ils parlaient, quand ils vivaient, ils allaient droit au but! Point de "Mon cœur se serre à ta vue". Ils étaient rock. Ils étaient durs et puis la toge, me direz vous, ne devait pas laisser grand place à l'imagination!

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